« Ils sont arrivés : greffiers, huissiers, gendarmes, officiers, civils, tout le village… On va lapider en public. Enfin une honte de choix… Va-t-il s’écrouler, rougir, protester, supplier, menacer ? Je ne dirai rien, je suis heureux : aujourd’hui, on ne vendra pas ma liberté. » Dans cette vente aux enchères des objets de son passé, l’âme de l’auteur, fragmentée, éclatée, à travers ces souvenirs, ces joies et ces blessures jamais refermées, se reconstitue comme un puzzle. L’horloge qui a égrené la vie de la grand-mère, redevenue si belle, si blanche à sa dernière heure. Le vélo bleu du pharmacien, abandonné un soir dans les orties, la dernière voiture, une énorme Mustang éclatée dans les arbres. La mort aussi, celle d’Isabelle, dix ans, qui ne cesse de sourire à son père, alors que la vie la quitte peu à peu. Et cette brocante ouverte aux quatre vents dessine, jusqu’au dépouillement, jusqu’à la déprime, une fable poignante mais si douce, dont le lecteur sort ému et malgré lui souriant d’une vie retrouvée.