Marie-Louise Audiberti est bien la fille de son père, si l'on en juge par ses dons d'écrivain. Mais, avec ce récit dense et chargé d'émotion, c'est au pays de sa mère, la Martinique, que nous entraîne l'auteur de Sophie de Ségur, l'inoubliable comtesse. Nous allons vivre, avec elle, dans ce monde sucré des îles, où la couleur de la peau joue un rôle essentiel, quelques années avant l'abolition de l'esclavage, en 1848. D'un côté, les Turlinville, qui représentent la tradition des propriétaires béqués, avec leurs fêtes désuètes, leurs alliances longuement préparées, leur crainte latente des soulèvements d'esclaves. De l'autre côté, Zélie, la câpresse, qui aura un fils d'un Blanc bientôt assassiné, puis d'un Noir révolté. Zélie, captivante figure, est un peu l'âme de ce pays où chacun pense en blanc et en noir, et parle un langage succulent, où enfants noirs et enfants blancs, nourris du même lait, s'initient ensemble aux jeux de la vie. Un roman coloré, insinuant, rapide, suggestif, plein d'odeurs et de saveurs, qui vous restera dans la peau.