Chacun sait que le mot "occultisme" coiffe les sciences de l’invisible, ou ésotériques. Il faut prendre « sciences occultes » au sens des traditions de l’exercice, conscient ou inconscient, intuitif ou rituel, de l’imagination créatrice. C’est dire qu’il se fond et se confond avec la poésie. L’occultisme implique une attitude intellectuelle, un art de vivre, une conception du monde — triade non moins nécessaire que celle des trois amours, sur lesquels repose le système de Montereggio en sa « mathèse » : amour de soi, amour sexuel et amour de l’espèce. N’en déplaise aux incrédules, esprits forts, matérialistes, les sciences occultes continuent, sans progrès d’ailleurs car, depuis deux siècles, « la culture en est abandonnée par les esprits d’élite ». Il a paru bon d’interroger les voyants, et même les visionnaires. Ils ont, si souvent, l’air d’être au-dessus de nous, en vertu d’un savoir si étranger aux « programmes » ! Mais, sur l’amour, les mages se sont trop souvent tus. L’amour, notre pauvre, dénué, tragique et merveilleux amour, est donc déchiré entre le hasard et la nécessité, soutenu par la seule espérance. Il est la fin et le moyen, mais il ne lui est pas laissé grand pouvoir pour s’accomplir. Tous les poètes ont pesé cette situation lorsqu’elle devenait, avec ses nuances variées, la leur propre. Certains ne trouveront pas, dans ce livre, ce que - sur la foi du titre - ils venaient peut-être chercher, ni clef des songes pour pipelettes, ni yoga de la séduction, ni recettes astrologiques pour le Courrier du cœur en peine. Mais, du moins, des horizons neufs et l’invitation au voyage. Breton assurait distinguer les livres qu’on lit en voyage et ceux qui vous font voyager. À ce titre, le présent ouvrage sera utile à ceux qui savent lire en communion d’esprit avec l’auteur qui, sans illusions sur son époque ni sur l’avenir, ne connaît qu’une seule règle, déceler et servir la beauté.