Comment l’extraordinaire aventure du Père Brottier ne pouvait-elle pas tenter, dès l’année 1956, la plume d’une Christine Garnier, bien avant sa “conversion” ? Christine Garnier était née pour les voyages, l’aventure, l’audace, l’étrange. Elle posa pour les couvertures de “Marie-Claire”, parcourut seule des régions au cœur de l’Afrique où aucune femme blanche ne se fut jamais risquée sans escorte. Mais ce n’était pas la simple avidité de connaître le monde, la vie, les êtres, qui la poussait à toutes les audaces, toutes les aventures, celles de l’esprit, du cœur et de l’âme. C’est une “bougeotte de l’âme” qu’elle a toujours eue. À travers tout, l’insolite Afrique, l’Islam inconnu, les philosophies orientales, l’amour, l’amitié des grands hommes, le danger, elle a toujours poursuivi la même quête, la même exigence, parfois jusqu’au désespoir. Même le succès (qui ne se souvient du film “Les héros sont fatigués”, tiré de son livre, même les attachements extraordinaires qu’elle suscitait, rien ne pouvait éteindre en elle cette inquiétude... jusqu’à un certain jour de 1967 où, paradoxe des paradoxes (mais toute la vie de Christine Garnier est jalonnée de “signes” et d’intermédiaires étranges surgissant au moment “donné”), une rencontre avec Maurice Chevalier lui ouvrit soudain la porte que, depuis tant d’années, elle cherchait, la porte qui ouvre sur le monde merveilleux de la Foi. Pas étonnant, dès lors, cet attachement profond pour le Père Brottier, homme d’action, de méditation, de cœur, dont elle ose dire : “Ce Père avait deux âmes”.